Vieillissement de la population et prise en charge de la dépendance
En termes de protection sociale, la France fera face à de
nombreux défis dans les prochaines années. Parmi ces défis, il y a la dépendance. Les conséquences des
mutations démographiques des années et notamment du babyboom commencent à se
faire ressentir.
Aujourd’hui, les estimations annoncent près de 23 millions de français âgés de plus de 65
ans en 2030. Et 2030, c’est demain. Pour l’instant, les mesures décisives
tardent à être prises et les pouvoirs publics restent inopérants.
Nous avons tous un membre de notre famille ou un proche touché
par la dépendance. Et pour affronter cette situation, chaque famille tente tant
bien que mal de faire face à la situation. Il faut rappeler que les dépenses
mensuelles d’une personne dépendante s’élèvent à près de 2500 euros en établissement spécialisé et plus de 1800 euros si elle est maintenue à domicile. Les aides
proposées par l’Etat et les indemnisations des contrats d’assurance restent donc
insuffisantes par rapport aux frais réels. Par conséquent, la question est comment
voulons-nous traiter nos ainés et toutes les personnes dépendantes et quelle
est la place que nous leur accordons dans la société française.
Au-delà de trouver les solutions de financement de la
dépendance pour les prochaines années, il est important de définir une réelle
politique d’accompagnement des personnes âgées et des personnes en dépendance.
La dépendance nous met surtout en face de notre modèle social actuel.
La dépendance est qualifiée de 5ème risque de la Sécurité Sociale. Et il ne suffit pas
seulement de trouver une façon plus sympa de les appeler en remplaçant
l’expression « personnes âgées » par séniors ou tout autre terme.
Bien qu’une loi ait été adoptée en 2014, les mesures prises restent
insuffisantes. Les frais à charge des familles restent exorbitants qu’elles
aient souscrit ou non une assurance dépendance. Il est vrai que la mesure
permettant de pouvoir maintenir les personnes concernées à leur domicile est à
saluer.
Toutefois, cela ne permettra pas de résoudre le problème de la
dépendance qui doit être abordé dans sa globalité.
L’un des aspects qui pourrait beaucoup soulager les familles
est la question du statut des aidants. Actuellement, les mesures juridiques,
sociales et fiscales qui existent n’encouragent pas les proches (ou les tierces
personnes) à pratiquer cette activité. Dans le dispositif actuel, l’éventuelle
perte de revenus que peut avoir un descendant qui choisit de devenir aidant
n’est pas suffisamment compensée. Les salariés qui décident de s’occuper d’un
proche peuvent bénéficier sous certaines conditions d’un congé de soutien
familial ou d’un congé de solidarité familiale. Le congé de soutien familial a une durée de 3
mois renouvelable sur une période maximum d’un an. Quant au congé de solidarité
familiale, il a une durée de 3 mois
maximum renouvelable une fois. L’indemnisation associée s’élève à 55,15
euros par jour pendant 21 jours maximum (et de 27,58 euros par jours pendant 42
jours dans le cadre d’un temps partiel). On peut constater l’insuffisance de ce
dispositif à deux niveaux :
-
Il y a d’abord l’aspect
financier, l’indemnisation proposée ne compense pas toujours les revenus des
aidants. Ces derniers sont souvent confrontés à une baisse de leurs revenus
-
Ensuite il y a le coté
durable des solutions proposées aux aidants.
Si on tient compte de l’augmentation de l’espérance de vie et
du fait qu’une personne peut être dépendante pendant plusieurs années, le
dispositif actuel ne peut pas à lui seul améliorer la situation des personnes
dépendantes. Une solution plus globale intégrant une réelle approche sociale et
une plus grande marge de manœuvre des assureurs pourrait améliorer la prise en
charge de la dépendance.
Aujourd’hui, les assurances proposent trois sortes de contrats :
les contrats d’assistance, les contrats de
prévoyance et les contrats d’épargne. Pour le moment, le marché de la
dépendance reste encore très ouvert et les acteurs de l’assurance ne s’y sont
pas tous lancés. Quant au public, il reste encore très prudent. Nombreux sont
ceux qui préfèrent souscrire un contrat d’assurance vie avec une option
dépendance.
Sur le plan social, il est temps de se poser la question de la
place des personnes dépendantes dans notre société. Cela implique un choix et
une orientation politiques clairs qui
détermineront aussi la position des différents acteurs face à cet enjeu. Pour le
moment, le projet de loi sur l’adaptation
de la société au vieillissement est encore en discussion.
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