Santé collective : qu'est-ce que l'ANI ?
L’Accord National Interprofessionnel du 11 janvier 2013 sera
sans doute un élément qui va bouleverser le marché de l’assurance santé d’ici
2016 et même après.
Suite à une négociation entre le patronat et les partenaires
sociaux, un Accord National Interprofessionnel a été signé dans le but de
d’améliorer la compétitivité des entreprises et de sécuriser l’emploi. L’une
des mesures phares de cet accord est la généralisation de la complémentaire
santé pour tous les salariés.
En effet, les entreprises ont jusqu’au 01 janvier 2016 pour
souscrire une complémentaire santé pour leurs collaborateurs. Cette complémentaire devra comprendre au
minimum :
- 100% de la base de remboursement des
consultations, des actes techniques et de pharmacie en ville et milieu
hospitalier,
- 125% de la
base de remboursement des prothèses dentaires,
- un forfait
journalier hospitalier,
- un forfait
optique de 100 € par an.
Cet accord du 11 janvier 2013 peut être considéré comme une
opportunité pour les assureurs dans la mesure où près de 4 millions de salariés.
Ce chiffre peut même être multiplié par 2 si nous prenons également en compte
les familles des salariés. Selon un sondage Opinionway réalisé en avril 2013
près de 76% des courtiers estiment que l’ANI aura un impact sur leur stratégie (source
l’Argus de l’Assurance).
Toutefois, l’ANI suscite de nombreuses interrogations. Les
acteurs de l’assurance sont-ils prêts en termes d’offres à proposer aux
entreprises ? Les entreprises vont-elles se ruer dès début 2014 vers les complémentaires
santé ou vont-elles jouer la montre jusqu’au dernier moment ? Les offres
proposées seront-elles disponibles en ligne ?
Les acteurs de
l’assurance sont-ils prêts en termes d’offres à proposer aux entreprises ?
Proposer un nouveau produit d’assurance surtout collectif,
n’est pas aussi simple et évident qu’on pourrait le penser. Au-delà des
garanties et des couvertures proposées, il faut également prendre en compte le
nombre de collaborateurs de l’entreprise et mieux pouvoir anticiper une
éventuelle croissance de ladite entreprise. De plus, tout contrat collectif se
doit également d’être rentable dans une certaine mesure. Ce qui n’est pas du
tout facilité par les nombreuses particularités à prendre en compte au niveau
des PME pour proposer une offre adaptée. Qu’on soit assureur,
mutuelle ou IP, il n’est pas du tout rentable de concevoir un produit
d’assurance collective qui ne sera souscrit que par une dizaine de PME. Cela ne
permettrait même pas d’amortir les frais de gestion des contrats. Par ailleurs,
la lenteur du cote des assureurs peut s’expliquer par le fait que les
négociations continuent jusqu’au 1er juillet 2014 au niveau des
différentes branches professionnelles.
La réponse est donc assez mitigée. Il semble d’ores et déjà
que tous les acteurs ne pourront proposer des offres compatibles ANI ou du moins
dès début 2014. En effet, les petites structures ne pourront proposer des
produits collectifs rentables au vue des dépenses que cela impliquerait. Le
domaine des assurances ne cesse de connaitre de nouvelles réglementations aussi
bien au niveau français qu’au niveau européen. Il appartient donc aux
différents acteurs de transformer cela en opportunités afin de tirer leur
épingle du jeu. L’ANI pourrait permettre ou du moins accélérer le rapprochement
entre les mutuelles et les IP. Les premières n’ont pas forcément les moyens de
fournir des offres adaptées en collectives alors que les secondes sont mieux
équipées.
Les entreprises
vont-elles se ruer dès début 2014 vers les complémentaires santé ou vont-elles
jouer la montre jusqu’au dernier moment ?
Ce sont principalement les entreprises de moins de 50
salariés qui seront concernées par l’ANI. Toutefois, pour une entreprise,
trouver la bonne complémentaire santé n’est pas forcément chose aisée. Cette mesure
réglementaire est une charge en plus dont les chefs d’entreprise devront s’occuper.
Ces derniers ne s’y connaissent pas tous en termes d’assurance et il est
conseillé voire nécessaire de d’effectuer une comparaison avant la souscription.
Partant de là on pourrait dégager 3 options :
-
les entreprises qui
veulent se mettre en conformité au plus vite
-
celles qui attendent les
résultats des négociations des branches professionnelles et des négociations
internes avant de finaliser leur choix
-
celles qui vont jouer la
montre jusqu’au dernier moment avant de souscrire un contrat.
Dans tous les cas, cela devrait faire l’affaire des
courtiers et des comparateurs d’assurance. Et compte tenu du nombre réduit de
complémentaires santé compatibles avec l’ANI pour le moment, on table plus sur
un rush des entreprises en fin 2015.
Les offres proposées
seront-elles disponibles en ligne ?
Les mécanismes de souscriptions en ligne actuels sont certes
bien adaptés pour les produits d’assurance individuels. Mais la mise en place
est légèrement plus compliquée pour les produits collectifs. Les alternatives
pourraient être le téléchargement du dossier de souscription à remplir et à
renvoyer à l’assureur ou encore le fait de remplir une partie du formulaire en
ligne en attendant de recevoir un devis et un formulaire de souscription par
courrier. Pour l’heure les différents acteurs de l’assurance ne proposent pas
de souscription en ligne pour la santé collective. Toutefois, il est possible
de pouvoir gérer les affiliations et les radiations une fois le contrat
souscrit. L’ANI sera peut-être l’occasion de bouleverser la souscription
collective en ligne. Une chose est sure, les approches et les offres santé des
acteurs de l’assurance seront modifiées.
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